lundi 27 octobre 2008 5:00 Beyrouth
Feuille de route
Les intermittences de la justice
L'article de Michel HajJi Georgiou
« How can the life of such a man/Be in the palm of some fools hand ?/To see him obviously framed/Couldnt help but make me feel ashamed to live in a land/Where justice is a game. »« Comment la vie d’un tel homme/A pu se retrouver entre les mains de ces imbéciles/À le voir évidemment victime d’un coup monté/Je ne peux m’empêcher d’avoir honte de vivre dans un pays/Où la justice est un jeu. »***Non, il n’est pas question ici du système judiciaire libanais. La fronde de Bob Dylan, en 1976, visait la justice américaine, après le jugement et l’incarcération d’un innocent, le boxeur Rubin « Hurricane » Carter, accusé en 1966 d’un triple meurtre dans le New Jersey. Victime d’un procès inéquitable, le boxeur noir sera emprisonné durant vingt ans avant de pouvoir recouvrer sa liberté, au terme de deux nouveaux passages devant les tribunaux pour révision de procès.On pourrait se demander – et à juste titre – ce que peut bien venir faire Hurricane, cette chanson emblématique du protest song du début des années 70, dans notre capharnaüm local. La réponse est simple : nous avons notre propre Rubin Carter, qui croupit dans les geôles libanaises depuis 1994 sans que cela ne turlupine particulièrement beaucoup de consciences. Il s’appelle Youssef Chaabane, et il est victime d’une des plus grandes injustices de l’histoire du Liban. Et il n’y a malheureusement pas de Bob Dylan local pour lui dédier une chanson qui puisse devenir le moteur d’une campagne pour sa libération. Nous manquons de patience, de souffle, de concentration, et, surtout, nous manquons de détermination. Nous avons si peu, au Liban, cette culture de la résilience qui pourrait modifier le cours de l’histoire. Sitôt apparue, avec la force de l’éclair, elle s’amollit aussitôt et s’enfonce à nouveau, irrémédiablement, dans les ténèbres les plus épais.Youssef Chaabane, Palestinien, a été arrêté le 5 février 1994 à Beyrouth par des membres des services de renseignements syriens. Sous la torture – est-il besoin de rappeler les procédés barbares utilisés par la soldatesque syrienne pour extorquer les pseudo-« aveux » des souverainistes libanais sous l’occupation ? –, il a fini par « reconnaître » ce dont il était accusé : l’assassinat du premier secrétaire de l’ambassade jordanienne à Beyrouth, Naëb Omran el-Maaïtha. L’on se souvient aussi comment le tuteur, pour mieux nourrir la guerre de tous contre tous au pays du Cèdre et pour mieux « vendre » aux Libanais et à l’Occident cette image de marque de pacotille du grand protecteur et parrain sécuritaire dans le pays, procédait à des arrestations arbitraires un peu partout : dans les rangs des chrétiens souverainistes, des islamistes, des Palestiniens, etc. Inutile de revenir sur des méthodes qui sont désormais largement connues du monde entier.Youssef Chaabane a ensuite été condamné à mort (jugement commué en détention à perpétuité) le 19 octobre 1994 par la Cour de justice, qui est un tribunal d’exception – aberration ultime et atteinte fondamentale aux normes internationales les plus élémentaires de la justice – où les jugements sont sans appel (malgré un amendement de 2005, qui a rendu possible l’appel sous certaines conditions, mais celui de Chaabane est resté lettre morte, les mêmes magistrats ne voulant apparemment pas se dédire). Inutile de dire qu’il n’avait eu droit – ère Adnane Addoum, ce Mahdaoui des temps modernes, oblige – qu’à un simulacre de procès. Pire encore, Youssef Chaabane a été condamné sur la base des aveux obtenus sous la torture des services de renseignements syriens.En l’an 2000, l’assassin du diplomate, Yasser Mohammed Ahmad Salameh Abou Channar, a été arrêté par les autorités jordaniennes. Ce dernier a fait des aveux complets en expliquant, en détail, comment le meurtre avait été préparé et exécuté. Le 3 décembre 2001, Abou Channar et ses complices étaient condamnés à mort à Amman. Bien évidemment, cela – et le fait que la Jordanie ait été convaincue de l’innocence de Chaabane – n’a rien modifié à la donne.***Jusque-là, rien de bien étrange. Ce genre de dérives était, en effet, bien dans l’air du temps. Sauf que... sauf que, depuis 2005, depuis une certaine « révolution », la situation de Chaabane devrait avoir changé, vers le meilleur. Or il n’en est rien. Sur le plan national, le régime syrien n’est plus au Liban, Adnane Addoum n’est plus en charge de la justice libanaise au service de l’occupant, et le 14 Mars entretient de bonnes relations avec l’OLP. Concernant l’affaire Chaabane plus particulièrement, le procès jordanien est venu introduire de nouveaux éléments qui devraient, au moins, susciter des interrogations et un grand doute dans l’esprit des autorités concernées.Si Youssef Chaabane est innocent, qu’est-ce qui empêche encore sa libération ? S’agit-il d’un problème procédural lié à l’injustice de la Cour de justice ? S’il en est ainsi, aucun innocent ne devrait sévir en prison en raison d’une déficience quelconque du système. Le droit ne saurait se transformer en une fin en soi qui n’a que faire de l’homme. Ce dernier doit garder son primat sur toute autre considération, c’est-à-dire préserver sa dignité, ses droits fondamentaux, sa liberté. Qui rendra ensuite à Youssef Chaabane toutes les années qu’il a perdues en prison ? Qui acceptera d’avoir ce fardeau sur sa conscience ?Et pourquoi cette honte dès lors qu’il s’agit de soulever le cas de Chaabane ? Est-ce par ce qu’il est palestinien d’origine et qu’il ne mérite donc pas une campagne civique en bonne et due forme (en dehors de certaines associations qui ont le grand mérite de soulever le cas, à l’instar du CLDH) fondée sur les libertés et le droit à la dignité humaine et l’égalité ? Est-ce, justement, parce qu’il ne le « mérite » pas, sous prétexte qu’il n’est pas libanais ? Si telle est la raison, aucun homme ne devrait être victime du système en raison de son appartenance communautaire ou raciale, et c’est là tout le message de Dylan dans Hurricane, malmené et condamné parce qu’il était noir.***Youssef Chaabane doit recouvrer sa liberté au plus tôt, puisqu’il est innocent. Les nouveaux éléments apparus dans cette affaire devraient au moins conduire à la révision de son procès, sinon, dans le cas où le système empêche une telle démarche, à une amnistie spéciale du président de la République pour qu’il puisse enfin revenir à la vie, loin des oubliettes et des intermittences de la justice. Le ministre de la Justice a promis de se pencher sur le dossier dans les plus brefs délais. Youssef Chaabane ne peut plus attendre. Quatorze ans en prison, c’est long... et irrécupérable.Je ne peux m’empêcher d’avoir honte de vivre dans un pays qui bafoue et dénigre ce qu’il a lui-même, grâce à Charles Malek, contribué à édifier : une certaine culture, une philosophie de vie et de justice fondée en 1948, loin de tout ce légalisme et ce positivisme juridique obtus et niais, sur le droit naturel et les droits de l’homme.
© 2007, L'Orient-Le Jour. Droits de reproduction et de diffusion réservés.
jeudi 20 novembre 2008
L'Orient le Jour, October 27, 2008
vendredi 17 octobre 2008
DEMAND THE RELEASE OF YOUSSEF CHAABANE
Join us
in front of Jbeil prison
on Sunday October 19, 2008 at 11:00 am
to release balloons and express our solidarity with Youssef Chaabane
14 years ago, on October 19, 1994, Youssef Chaabane was sentenced to life imprisonment on the basis of his confessions extracted under torture by the Syrian intelligence services
For more information, please call: 03 887 108
mardi 16 septembre 2008
Hundreds of World Citizens Urge Lebanese Authorities to Release Youssef Chaabane
Human Rights activists and citizens worldwide are mobilizing for the release of Youssef Chaabane.
From Lebanon, France, Canada, Denmark, Sweden, Brazil and the United States, they were hundreds to sign a petition addressed to the Lebanese authorities demanding the release of Mr. Youssef Chaabane who has been in arbitrary detention in Lebanon since 1994.
International mobilization is ongoing for the release of this individual whose detention was declared arbitrary by the United Nations Working Group on Arbitrary Detention, and who has been forgotten in Lebanese prisons for 15 years.
After his arrest on February 5, 1994, Mr. Chaabane was forced to sign confessions under torture by the Syrian Intelligence Services, then by the Lebanese Criminal Investigation Police, in the assassination of a Jordanian diplomat in Lebanon.
Although Youssef Chaabane has not ceased to maintain his innocence in this case, the Lebanese Justice Council sentenced him to a life sentence on October 19, 1994.
In 2000, two individuals were arrested in Jordan in the same case. They were found guilty, sentenced to death and executed for the Jordanian diplomat’s murder. During the Jordanian trial, the two accused individuals did not incriminate Youssef Chaabane and, in fact, stated that he was not involved, which is corroborated by several key pieces of evidence in the case.
A request for a presidential pardon has been submitted.
Beirut
September 16, 2008
mardi 5 août 2008
SOLIDARITY SIT IN ON SUNDAY 10
"INJUSTICE ANYWHERE IS A THREAT TO JUSTICE EVERYWHERE"
More than 14 years after his arrest, and despite the torture to which he was subjected by the Syrian Intelligence Services and the Lebanese Judiciary Police in order to get him to confess, and even though he never stopped claiming innocence, the Palestinian Youssef Chaabane who is a resident of Lebanon is serving a life sentence.
Each day is one more day behind bars for Youssef Chaabane who has literally been forgotten for so many years in prison in Lebanon and is the victim of not just one, but several, egregious violations of justice.
We call to all those who refuse that in Lebanon, like anywhere else in the world, people are being tortured and indefinitely and arbitrarily denied their freedom.
Let’s act in order to free Youssef Chaabane!
Join the Family and Friends of Youssef Chaabane
in a
SOLIDARITY SIT IN
On Sunday 10 of August, from 10:00 am till 12:00 pm
In Raouche – Corniche el Manara – Beirut
Looking forward to seeing you there!
For more information, please call CLDH numbers on 01 24 00 23 – 03 88 71 08 – 03 51 67 92
jeudi 24 juillet 2008
The lawyer of Youssef Chaabane asks for a presidential pardon
The Lebanese newspapers announced today that Mrs May Khansa, lawyer of Youssef Chaabane, has submitted to Mr Ibrahim Najjar, Minister of Justice an application for a special presidential pardon to be presented to the President Michel Sleimane.
mardi 1 juillet 2008
OPEN LETTER FROM OMCT AND FIDH
General Michel Sleiman
President of the Republic of Lebanon
Fax Transmittal: +961-5-922400
Geneva-Paris
July 1, 2008
Dear Mr. President,
The International Federation of Human Rights Leagues (FIDH) and the World Organization Against Torture (OMCT) wish to draw your attention to the case of Mr. Youssef Chaabane, who has been in detention at the Central Prison of Roumieh for more than 14 years as a result of a judicial process that was not in compliance with Lebanon’s international commitments.
Following his arrest in the course of an investigation into the murder of Mr. Maaitha, a Jordanian diplomat who was killed in Beirut in 1994, Youssef Chaabane’s conviction on October 19, 1994 by Lebanon’s Justice Council was exclusively based on confessions obtained under torture. Mr. Chaabane has continued to proclaim his innocence in this crime in which two individuals were sentenced to death and executed in Jordan.
In May 2007, the UN Working Group on Arbitrary Detention stated that, in the case of Mr. Chaabane, “to be sentenced to capital punishment, even when such a sentence is commuted to life in prison, without the individual having the ability to have his guilty finding and conviction examined by a higher jurisdiction, is itself a very egregious breach of the standards of a fair trial.”[1] The Working Group furthermore found, “…that the breach of Paragraph 5 of Article 14[2] of the International Covenant on Civil and Political Rights[3] is of such grave nature that it confers to Mr. Chaabane’s detention an arbitrary character.” Moreover, this past April, the Human Rights Commission of Lebanon’s Parliament issued a call for a re-trial of Youssef Chaabane’s case.
In your capacity as the custodian of the Lebanese Constitution, which declares Lebanon’s adherence to the United Nations Organization and the commitment of the country to uphold the UN charters whose precedence over domestic law is guaranteed under Lebanese law[4], our organizations urgently request that you do everything in your power to guarantee that Mr. Youssef Chaabane’s basic rights are upheld. In particular, we urge you to ensure that the relevant Lebanese authorities act in conformity with Lebanon’s international commitments, namely that Mr. Youssef Chaabane’s case be re-tried without further delay, absent which he should be released since his detention and conviction are arbitrary.
We trust that your Excellency will give this request all the attention that it deserves.
Sincerely Yours,
Souhayr Belhassen Eric Sottas
FIDH President OMCT General Secretary
[1] Opinion No. 10/2007 adopted in May 2007 by the United Nations Working Group on Arbitrary Detention.
[2] Paragraph 5 of Article 14 stipulates that “Any person declared guilty of an offense has the right to have the declaration of guilt and the conviction examined by a higher jurisdiction, in accordance with the law.”
[3] Lebanon is a signatory party to the International Covenant on Civil and Political Rights.
[4] Specifically by Article 2 of the Code of Civil Procedures.
lundi 9 juin 2008
Open Letter from ACAT-France to Lebanese President General Michel Sleiman
YOUSSEF CHAABANE: FORGOTTEN FOR 14 YEARS IN PRISON
Paris, June 5, 2008
Dear Mr. President,
On the occasion of your recent election to the highest office of the Lebanese State, ACAT-France (Action of Christians for the Abolition of Torture) would like to bring to your attention the case of Youssef Chaabane, a Palestinian who has been detained for more than 14 years in Lebanon under a ruling that is in violation of Lebanon’s international commitments.
Youssef Chaabane was sentenced to life by the Justice Council of Lebanon in 1994. He stands accused of the murder of the First Secretary of the Embassy of Jordan in Lebanon. Mr. Chaabane has always claimed his innocence and his conviction is based solely on confessions extracted under torture. His continued detention has been declared arbitrary by the UN Working Group on Arbitrary Detention (Opinion 10/2007 dated May 11, 2007).
Given the information that is available to ACAT, and trusting that you will be keen to ensure the respect of Human Rights in your country, we address ourselves to you today in order to bring an end to the inhumane situation in which this man, a father, finds himself thrown in prison and deprived to any recourse of justice.
Based on new elements that point to his innocence, Mr. Chaabane’s lawyers have repeatedly attempted to have this case be re-tried, but to no avail. The Justice Council which convicted him continues to refuse to examine the substance of the petitions, despite their gravity.
Last April 30, the Parliamentary Commission on Human Rights, aware of the unique circumstances surrounding his situation, urged a re-trial.
Your election to the highest office in the country grants you the requisite authority to intervene without any further delay in favor of Youssef Chaabane, in order for this individual to regain his rights and his freedom. It is our sincere hope that justice will finally be served in Lebanon.
Sincerely,
Anne-Cécile Antoni
ACAT-France President
mardi 27 mai 2008
lundi 28 avril 2008
Open Letter to Prime Minister Fuad Siniora On the Third Anniversary of the Syrian Withdrawal
Youssef Chaabane, Interrogated Under Torture by the Syrians, Remains in Arbitrary Detention in Lebanon
Dear Mr. Prime Minister,
Three years ago, the Syrian Army evacuated its troops from Lebanon, leaving behind it many painful scars…
The suffering of the Lebanese people under the Syrian occupation was enormous, leaving an open wound that will take years to heal. Much remains to be done to alleviate the pain and heal those scars.
Among the painful legacies of that period is the case of those individuals who were arrested and seriously tortured by the Syrian Intelligence Services on Lebanese soil. Hundreds of them remain missing to this day and the families of these victims continue to agonize over the possibility of ever finding them.
If the fate of one of those victims, just one, was in your hands, what will you do?
Would you turn your back? Would you abandon that person to his/her fate? Or would you take all measures necessary to restore their dignity?
Fifteen years ago, a man was kidnapped by the Syrian Intelligence Services in Lebanon. Under torture, this man was forced by the Syrian Intelligence Services to sign confessions. He signed under torture that he assassinated a diplomat. Yet, despite all the evidence proving this man’s innocence, he remains sentenced to life in prison.
This man is a direct victim of the Syrian Intelligence Services, and his name is Youssef Chaabane.
The fate of this victim is in your hands because, by a mere “act of fortune”, he remains incarcerated in a Lebanese jail and did not suffer the fate of so many other missing persons.
Today, you have the power to order the release of this man. Indeed, how can an anti-Syrian government like yours continue to endorse and support this monumental miscarriage of justice by Syria?
Today, you have the power to order the release of this man. It would be unimaginable to await the election of a President who may then issue a pardon. What is Youssef Chaabane’s responsibility in the current political situation in Lebanon? Nothing. Therefore, no justification can stand in the way of the inevitable action that must be taken: Release Youssef Chaabane as the direct victim of the barbaric Syrian Intelligence Services, and only you can do this.
We trust that you will take this bold step and we challenge anyone who would dare criticize this gesture. Not one political excuse can stand in the way of the decision of reinstating a victim’s rights.
Respectfully,
For the CLDH
Marie DAUNAY
President
Beirut, April 28, 2008
dimanche 2 mars 2008
Request for Review of Palestinian Youssef Chaabane’s Trial Turned Down
Source: CLDH
Once again, the Lebanese justice system has demonstrated its complete disregard for the international standards guaranteeing the right to a fair trial.
On February 1, the Lebanese Judicial Council turned down a petition for a trial review submitted last October by Youssef Mahmoud Chaabane’s attorney.
In its decision, the Judicial Council has formally refused to examine the new elements which were submitted to it and which, in fact, are of paramount importance, including, in particular, the ballistics expert’s report which would clear Youssef Chaabane in the case. The Judicial Council argued that this expert opinion was not mandated by the courts.
This is the second time that the Lebanese judiciary has refused to review this trial.
This latest decision is marred by an egregious irregularity in due process since the petition for review was first heard by Prosecutor Said Mirza who was the Investigative Judge in the case and who conducted the initial investigations during which Youssef Chaabane and several witnesses complained of having been severely tortured to force them to sign confessions. Said Mirza, who has thus become both a party to the case as well as the judge in charge of the case – an obvious conflict of interest – has naturally issued an unfavorable opinion against any review of the trial. Even though the attorney challenged the legitimacy of this interference by the Prosecutor into what is otherwise a procedure with the Judicial Council, the latter has not commented on this point raised by the challenge.
Nevertheless, in spite of the refusal by the Judicial Council to hear the new elements, and in spite of the violation of due process by Prosecutor Mirza’s interference in the case, there is no further recourse since the Judicial Council is the highest jurisdiction in Lebanon.
Youssef Chaabane is currently held at the Roumieh Prison (Beirut) after he was arrested on February 5, 1994 by the Syrian Intelligence Services operating then on Lebanese territory. He was charged with the murder of the First Secretary of the Embassy of Jordan in Lebanon.
It is under torture inflicted first by the Syrian Intelligence Services, then by Lebanese police, that Youssef Chaabane and several witnesses are alleged to have signed confessions. Yet, Youssef Chaabane has continued to proclaim his innocence in the case, and the witnesses have complained before the court that they were tortured in order to incriminate Youssef Chaabane.
On October 19, 1994, Youssef Chaabane was handed a life sentence by the Judicial Council, which is a special tribunal whose decisions are final and cannot be appealed. In 2000, two individuals were arrested in Jordan in the same case, and they were convicted, sentenced to death and executed. During their trial, the defendants did not incriminate Youssef Chaabane, and they stated during the interrogations that Youssef Chaabane was not involved.
In December 2005, Lebanese legislation was passed which finally allowed decisions by the Judicial Council to become subject to review. A first petition for review was filed on the ground of the new element brought forth by the Jordanian decision. That petition was turned down on the argument that it is based on the decision of a foreign court.
Pursuant to a request filed by the Lebanese Center of Human Rights (CLDH), the UN Working Group on Arbitrary Detention issued an opinion on May 11, 2007 which stated that: “The deprivation of freedom of Mr. Youssef Mahmoud Chaabane is arbitrary in that it contravenes the provisions of Article 14 of the International Covenant on Civil and Political Rights, and falls under Category III among those categories that are applicable to the consideration of cases submitted to the Working Group.”
On June 20, 2007, CLDH published a full report on the Youssef Chaabane case entitled “Youssef Chaabane: Forgotten by Justice” which was widely disseminated in Lebanon and in Europe. CLDH also organized two press conferences and a broad awareness campaign about the case, which included meetings with several European ambassadors and with religious and political figures, most notably the Lebanese Prime Minister and the Advisor to the President of the Republic. Several international human rights organizations have intervened in the case and are monitoring it.
CLDH strongly denounces the decision of the Judicial Council to reject the new petition for a re-trial of the Youssef Chaabane case and calls on all Lebanese and international organizations and institutions to monitor the case and use all means available to ensure that Youssef Chaabane’s rights are upheld.
For its part, CLDH will continue its mobilization and its campaign for the release of Youssef Chaabane.
Beirut
February 28, 2008
Rejet de la demande de révision du procès du Palestinien Youssef Chaabane
Source: CLDH
Une fois de plus, la justice libanaise a montré son mépris total du respect des normes internationales garantissant le droit à un procès équitable.
Le Conseil de Justice a rejeté le 1er février la demande de révision de procès présentée en octobre par l’avocat de Youssef Mahmoud Chaabane.
Dans sa décision, le Conseil de Justice refuse formellement d’examiner les éléments nouveaux qui lui sont présentés et qui sont pourtant d’une importance capitale, en particulier le rapport d’un expert en balistique qui tend à innocenter Youssef Chaabane. Le Conseil de Justice argue du fait que cette expertise n’a pas été ordonnée par la Justice.
C’est la deuxième fois que la Justice libanaise refuse de revoir ce procès.
Cette toute nouvelle décision est entachée d’un grave vice de procédure puisque la demande de révision a en premier lieu été examinée par le procureur Saïd Mirza, qui était juge d’instruction dans l’affaire et a conduit les premières investigations au cours desquelles Youssef Chaabane et plusieurs témoins se plaignent d’avoir été gravement torturés pour signer des aveux. Saïd Mirza, devenu dans cette affaire juge et partie, a bien entendu émis un avis défavorable à toute révision. L’avocat a contesté la légitimité de cette intervention du procureur dans la procédure auprès du Conseil de Justice ; ce dernier n’a pas commenté.
Néanmoins, malgré le refus du Conseil de Justice d’examiner les éléments nouveaux, malgré le vice de procédure que constitue l’intervention du procureur Mirza dans l’affaire, aucun recours n’existe, le Conseil de Justice étant la plus haute juridiction du Liban.
Rappelons que Youssef Chaabane, actuellement détenu à la prison de Roumieh (Beyrouth) a été arrêté le 5 février 1994 par les services de renseignements syriens au Liban et accusé du meurtre du premier secrétaire de l’ambassade de Jordanie au Liban. C’est sous la torture des services de renseignements syriens puis de la police libanaise que Youssef Chaabane et plusieurs témoins auraient signé des aveux. Youssef Chaabane a toujours clamé son innocence dans cette affaire, et les témoins se sont plaints devant la cour d’avoir été torturés pour incriminer Youssef Chaabane.
Le 19 octobre 1994, Youssef Chaabane était condamné à la prison à perpétuité par le Conseil de Justice, une cour d’exception aux décisions sans appel. En 2000, deux personnes étaient arrêtées en Jordanie pour la même affaire, jugées coupables, condamnées à mort et exécutées. Au cours du procès, les accusés n’incriminent pas Youssef Chaabane, et affirment au cours des interrogatoires qu’il n’est pas impliqué.
En décembre 2005, la loi libanaise autorise finalement que les jugements du Conseil de Justice deviennent passibles de révision. Une première demande de révision, basée sur le fait nouveau que constitue le jugement jordanien est alors présentée, mais rejetée au motif qu’elle est basée sur la décision d’une cour étrangère.
Suite à une demande soumise par le Centre Libanais des Droits Humains (CLDH), le groupe de travail sur la détention arbitraire des Nations Unies a rendu le 11 mai 2007 un avis selon lequel « la privation de liberté de Monsieur Youssef Mahmoud Chaabane est arbitraire en ce qu’elle contrevient aux dispositions de l’article 14 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, et relève de la catégorie III des catégories applicables à l’examen des cas dont est saisi les Groupe de travail. »
Le CLDH a publié le 20 juin 2007 un rapport complet sur l’affaire de Youssef Chaabane, intitulé « Youssef Chaabane, l’oublié de la Justice », qui a été très largement diffusé au Liban, et en Europe. Le CLDH a organisé deux conférences de presse et une grande campagne de sensibilisation sur cette affaire, rencontrant notamment plusieurs ambassadeurs européens, les instances religieuses et politiques – notamment le premier ministre libanais et le conseiller du président de la république. Plusieurs organisations internationales de défense des droits de l’Homme sont intervenues et suivent cette affaire.
Le CLDH proteste vivement contre la décision du Conseil de Justice de rejeter la nouvelle demande de révision du procès de Youssef Chaabane, appelle toutes les organisations et institutions libanaises internationales à suivre cette affaire et à user de tous les moyens possibles pour que Youssef Chaabane recouvre ses droits.
Pour sa part le CLDH continuera sa mobilisation et sa campagne pour la libération de Youssef Chaabane.
Beyrouth, le 28 février 2008.